Cours 7

Publié le par graine

I.                Karl Marx
 
Quelques éléments biographiques :
 
Marx (1818-1883) est né à Trèves et a grandi dans un milieu bourgeois (son père était avocat). En 1835, il entre à l’Université de Bohn où il étudie le droit. En 1837, il s’inscrit à l’université de Berlin. Comme il commence déjà à avoir des activités politiques et militantes et son père lui conseille d’aller à Berlin – ses actions politiques devenant risquées à Bohn.
Il étudie alors la philosophie – se développait alors une interprétation progressiste (de gauche) des œuvres de Hegel (un des plus grands philosophes, ac Kant, qui marquent la modernité).
 
Entre janvier 1842 et avril 1843, après avoir renoncé à l’enseignement pour ne pas sacrifier sa liberté de parole, il devient rapidement rédacteur en chef d’un magazine appelé « La gazette rhénane ». Ce magazine connaît une large diffusion et participe à l’animation du débat politique. Mais très vite, il est interdit et Marx est contraint à l’exil !
 
Il part donc, avec sa femme, pour Paris. En 1843, il découvre le milieu socialiste français (not. St Simon) et il publie, dans les annales franco-allemandes, un ouvrage important intitulé « Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel » (en 1821, Hegel avait publié « Principes de la philosophie du droit » à Marx critique !).
 
Il est alors influencé par un autre philosophe matérialiste : Feuerbach
En 1845, il est de nouveau expulsé et il va vivre à Bruxelles où il se lie d’amitié avec Engels (issu d’un milieu aisé, avec un père capitaliste). Leur amitié et leur collaboration vont durer jusqu’à la mort de Marx. Ils rédigent ensembles « L’idéologie allemande », texte fondamental.
La même année, Marx franchit une étape importante dans sa pensée en publiant les fameuses thèses de Feuerbach.
 
En 1847, il écrit un ouvrage de philosophie intitulé « Misère de la philosophie », un texte polémique dans lequel il cherche à récuser les analyses de Proudhan dans l’ouvrage « Philosophie de la misère ».
En 1848 surviennent une série de crises révolutionnaires en Europe (Proclamation de la 2e république en France). Et en janvier, il publie – avec Engels - à Londres, « Le manifeste du parti communiste » - d’où est tiré la phrase célèbre : « Prolétaires de tous pays, unissez-vous ! ».
 
Il est une nouvelle fois expulsé – même Bruxelles, ville cosmopolite et libéral, a considéré qu’il a franchit les limites. Il décide de retourner à Cologne pour participer à certains événements révolutionnaires et il y fonde la nouvelle gazette rhénane pour radicaliser le mouvement révolutionnaire.
Mais en 1849, ce mouvement a été écrasé et Marx est de nouveau contraint à l’exil. Il s’installe alors définitivement à Londres où il demeure jusqu’à sa mort.
 
Il n’abandonnera toutefois pas la politique ! Il se consacre davantage aux études, dont l’économie politique au British Museum.
En 1857-58, il reprend ses travaux d’économie politique et écrit notamment un ouvrage fameux : « Contribution à la critique de l’économie politique ».
En 1864, il crée, à Londres, la Première Internationale. Et ce n’est qu’en 1867, qu’il publie le titre premier du « Capital » (ouvrage majeur de Marx). A cette période, jusqu’à 1870, sa situation matérielle est un peu améliorée grâce à l’aide de son ami Engels. Mais l’échec de la commune de Paris (soulèvement réprimé en 1871) a contribué à la dégradation de sa situation.
 
Il meurt en 1883, à Londres, épuisé par sa vie d’étude et de militantisme politique.
 
 
 
Les influences de Marx :
 
Il y a trois influences majeures qui sont sources – reconnues par l’orthodoxie marxiste – mais l’on peut en rajouter une quatrième.
 
*   Idéalisme allemand
            La philosophie allemande de la fin du 18e siècle s’est développée de manière nouvelle avec             Kant et Hegel. On les associe souvent à une coupure entre la philosophie classique (not.             grecque) et la philosophie moderne.
            L’idéalisme considère que ce sont les idées qui mènent le monde. Marx prit part aux débats sur       l’œuvre de Hegel et son projet était de mettre (ou remettre) Hegel sur ses pieds car selon lui,       ce ne sont pas les idées qui mènent le monde mais les transformations matérielles à il             renverse la théorie et développe une conception matérialiste !
 
*   Economie politique anglaise
            L’économie politique anglaise – avec les travaux de Ricardo et d’Adam Smith – est considérée        comme une nouvelle discipline naissante, au 19e. Marx subit également l’influence de cette            économie politique.
            Elle était alors développée dans une perspective morale. Marx proposera, là aussi, une science             nouvelle consistant à analyser la société capitaliste dans une perspective matérialiste.
 
*   Socialisme français
            Les idées égalitaires propagées par la révolution française ont commencé à avoir un impact sur       la société, ce qui a mené à la création d’un courant de socialisme (not. St Simon et Fourrier)          utopique : un socialisme qui cherche à instaurer une égalité entre les hommes, à développer        une société juste et égalitaire ne connaissant pas l’exploitation et la domination.
            On verra là aussi que Marx va transformer ces idées. Il proposera un socialisme non plus             utopique mais scientifique.
 
ð     Quelles que soient les théories influentes, il les transforme, toujours selon une             perspective matérialisme !
 
 
La quatrième influence n’est pas reconnue par les marxistes – dont celui qui utilisa les plus les théories marxistes : Lénine.
 
*   Le romantisme
            En particulier les œuvres de certains critiques sociaux, par exemple Dickens qui critiqua la             société capitaliste.
            Le romantisme a le projet de critiquer la société, mais au contraire du marxisme, ils ne             proposent que de revenir en arrière, de rétablir la société traditionnelle pré-capitaliste,             considérée par eux comme étant plus juste et préservant le lien social et communautaire.
            Marx, lui, souhaitait créer une nouvelle société plus juste – mais il puisa les sources de sa             critique du capitalisme dans le romantisme.
 
 
Quelques définitions :
 
Idéalisme : attitude qui consiste à subordonner les actes et les pensées à un idéal moral, intellectuel ou esthétique.
            Ex : idéalisme platonicien
Matérialisme : doctrine selon laquelle la matière est la réalité première – qui nie donc l’existence originale de l’esprit.
            Ex : on considère que les idées sont subordonnées à l’état mental, biologique.
 
Matérialisme dialectique : c’est le nom utilisé par Engels pour désigner le matérialisme de Marx selon lequel les choses elles-mêmes se développent dialectiquement.
 
Dialectique : Pour expliquer ce terme, on fait référence à Hegel (mort en 1832) – désigne la marche de la pensée qui procède par thèse, antithèse et synthèse (trois étapes par lesquelles toute démarche de la pensée doit passer). Ce sont les contradictions qui créent le mouvement des idées, une dynamique.
Marx va s’opposer en disant que les contradictions ne concernent pas les idées mais la matière.
               Ex : Hegel dira que ce sont les idées qui ont conduit à la révolution française
               Marx lui répondra que c’est la situation et les changements matériels qui ont produits des changements au niveau    des idées à révolution
Marx considère que cette théorie de Hegel marchait sur sa tête et qu’il faut la remettre sur ses pieds ! Il faut inverser la situation.
à La définition de la dialectique = marche de la pensée procède des contradictions de la matière.
            Marx inventera d’ailleurs une nouvelle science : le matérialisme historique qui permet             d’étudier l’évolution des sociétés.
 
Matérialisme historique : Doctrine de Marx et d’Engels selon laquelle les contradictions sociales – c’est-à-dire la base économique – détermine l’évolution des idées (superstructure).
 
 
 
Idées
                                               Juridique, politique,….
                                               SUPERSTRUCTURE
 
                                              
                                               INFRASTRUCTURE
                                               Structure et organisation social, base économique
                                                                       Matière
 
  1. Marx et la sociologie : est-il sociologue ?
 
Il existe une controverse car le domaine disciplinaire de la théorie de Marx est très vaste et on pourrait se demander s’il est sociologue, économiste ou philosophe. Mais en regardant de près, on constate que sa vision embrasse effectivement tous ces domaines – on trouver chez lui tout autant une philosophie de l’Histoire (mat hist), une théorie économique (théorie de la valeur et de sa plus value)
à Il est difficile d’attribuer une étiquette unique à son œuvre et il n’a cessé de porter ces trois casquettes.
 
Positions de trois auteurs contemporains qui sont :
-        Lucien Goldman – il est inconcevable pour lui de parler de sociologie marxiste dans la mesure où le projet de Marx est d’abord révolutionnaire, visant à transformer la société capitaliste pour la conduire à son dépérissement. I est donc difficile de considérer son projet come scientifique.
 
-        Georges Gurvitch – pour lui, Marx fait une œuvre de sociologue et c’est même sa pensée sociologique qui constitue l’unité de son œuvre. La dimension sociologique encadre donc toutes les autres perspectives.
 
-        H. Lefebvre – pour lui, Marx n’est pas sociologue mais on peut détecter chez lui, dans son œuvre, les principes de l’analyse sociologique. Marx instaure une méthode dont les sociologues peuvent se servir pour étudier la société.
 
 
 
  1. Fondements de la théorie de Marx : les deux matérialismes
 
Les concepts fondamentaux sont les matérialismes historiques et le matérialisme dialectique – Il était à la mode, à l’époque, d’avoir sa propre théorie sur l’Histoire et l’évolution des sociétés. L’enjeu est d’analyser la question du progrès de l’humanité.
Marx s’inscrit contre les visions idéalistes de l’H. Dès 1847, il rompt avec la philosophie spéculative de Hegel – lui reprochant notamment de ramener la philosophie de l’H à l’H de la philosophie, des idées.
Marx considère cette vision comme erronée car cette réflexion cherche à comprendre l’évolution des sociétés et que la théorie d’Hegel réduit cela à l’évolution des idées !
 
 
 

Publié dans Sociologie

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