anthropo : tout 2
Descartes implique donc l’existence de Dieu. Si j’ai une idée de Dieu, c’est forcément qu’il existe. Ce syllogisme est inaccessible sur le plan de la logique. Sans Dieu, la vérité n’est pas possible. Descartes se dit que cette conscience du vrai est une idée inspirée par Dieu. Il se dit également que si Dieu lui a donné une conscience, c’est pour découvrir et penser la vérité. Descartes était conscient que tout ce qu’il percevait pourrait être radicalement faux. Il a tellement conscience que la réalité que perçoit son esprit pourrait ne pas être ce qu’elle est.
Quand il rêve, il voit et vit des choses qui lui semblent réelles et pourtant quand il se réveille, il sait que ces choses sont fausses. Quand il est éveillé pourquoi les choses qu’il voit seraient réelles ? Il n’y a pas de réponse à cela, on ne sait prouver que la réalité existe selon Berkeley. La seule réponse acceptable est celle de Kant « ce que nous pouvons voir est ce que nous pouvons croire ». La réalité, la vérité en soi des choses, seul Dieu la connaît. Nous ne connaissons que des phénomènes, des apparences mais qui ne sont pas forcément trompeuses. Ces apparences collent avec le réel avec notre intelligence.
L’occident a opéré un choix majeur sur le réel entre Descartes et Kant. Pour nous aujourd’hui, on est convaincu que ce que nous vivons dans la réalité de l’éveil est plus vrai que la réalité du rêve et cela suite à un choix de notre culture. Mais certaines cultures ont fait d’autres choix, pour eux, c’est le rêve la réalité. Selon les australiens, ce que nous vivons est un cauchemar et grâce aux rêves, nous retrouvons des moments de notre passé.
On ne peut pas agir sur la réalité du rêve. On ne peut que vivre ce rêve, on ne peut pas en tirer profit pour faire quelque chose. A partir du moment où nous avons admis avec Kant cette conception du réel, nous avons entretenu en un rapport de rivalité et puis un rapport de domination du réel.
Je ne peux imaginer que Dieu, un être parfait, m’a créé pour me plonger constamment pour vivre dans le cauchemar et dans l’erreur. Dieu est donc un être parfait qui ne peut être mauvais. Donc, ce que je découvrirai de vrai en suivant une méthode dont il va donner la procédure avec de la précision, cette vérité là de Descartes est la vérité vraie de l’éveil, la vérité divine.
Il faut savoir la vérité du monde pour mieux le comprendre et pour mieux le rendre heureux.
L’anthologie de Descartes est un corollaire direct de son anthologie, il faut donc bien définir cette anthologie et pour en comprendre son originalité, il faut parler de la théorie des signatures. Descartes attachait de l’importance à l’apparence des choses, à leurs formes. On veut savoir ce qu’est un morceau de cire. Celle-ci est constituée d’alvéole, a une couleur jaunâtre, une odeur propre. Si on fait fondre la cire, elle devient liquide, perd son odeur et devient transparente. Ni la couleur ni l’odeur ne sont donc des composantes essentielles. Si on la brûle, elle disparaît. Finalement, selon Descartes, sa caractéristique est d’être inscrite dans l’espace. La matière, c’est de l’espace. La deuxième matière qui constitue l’être, c’est la matière qui pense l’espace, l’essence de la pensée. En ce qui concerne l’espace, Descartes montre comment une fragmentation de l’espace en tourbillonnement fini par faire différentes formes de l’être. Il est important de dire que l’espace = matière pour Descartes. La matière est divisible à l’infini pour lui tandis que l’esprit est indivisible, il ne meurt pas. Dans la définition de l’espace de Descartes, il y a un projet qui s’offre : si la matière est indéfiniment restructurable, elle s’offre comme champ de travail.
Avec ces deux grandes composantes (l’esprit et l’espace), nous savons ce qu’est l’homme car il est le seul être existant où cohabite de l’étendue et de la non étendue, autrement dit, un corps et une âme. Certes l’homme est une pensée immortelle et un corps mortel mais le corps de l’homme lui est encore plus étranger qu’il ne l’était déjà dans la pensée de l’Eglise. Dans la pensée de Descartes, on ne voit pas pourquoi il y a union entre un corps et une âme et Malebranche, disciple de Descartes, se demande si par hasard Dieu n’aurait pas pu faire en sorte que l’homme soit sans corps. La réponse est oui.
L’idéal serait donc de mettre notre corps entre parenthèses.
Dans l’anthropologie chrétienne, il y avait une raison à l’union entre l’homme et l’âme contrairement à la philosophie de Descartes. L’âme avait la fonction principale et le corps était plus considéré comme un fardeau pour l’âme.
Comment être sûr qu’il y a un corps et de la matière ? Où se fait cette union ? Pourquoi ?
- Malebranche donne une réponse : tout ce que nous percevons de l’extérieur (toucher, sentir…) se font grâce à Dieu. Autrement dit, quand notre œil se pose sur u champ de lumière et qu’il perçoit la lumière, Dieu produit dans l’esprit de l’homme un déclic qui fait que l’esprit perçoit non pas ce qu’il voit mais ce qui est dans la pensée de Dieu.
è Tout ce que nous percevons dans notre environnement se fait par la vision de Dieu
- Selon Leibniz, quand je prends une craie en main, le bon sens me dit que l’esprit voit une craie, qu’il envoie des influx à un muscle qui fait que je prends la craie. Mais ceci supposerait qu’il y ait une connexion possible entre mon esprit et mon corps. Or, par principe, cette connexion est impossible. Leibniz imagine donc que quand Dieu a pensé à notre esprit, il a pensé aussi qu’aujourd’hui, midi, telle heure, tel jour, quelqu’un aurait eu besoin de prendre une craie et donc ce serait programmé par Dieu. C’est le même principe que pour une horloge. Dieu a préétabli tout comme un horloger préétabli son horloge. De telles spéculations étaient de nature à déconsidérer le cartésianisme.
Descartes met au point une physique mécanique. Le corps est un ensemble de petits ressorts qui sont animés par des esprits animaux. Cette mécanique va s’appliquer à l’animal, de cette manière, il définira les bases de son anthropologie. L’animal, pour l’Eglise, avait une âme végétative et une âme sensitive. Descartes ne peut accepter que les animaux aient une âme quelconque car selon lui, l’âme est immatérielle, inétendue et donc s’il fallait accepter que les animaux ont une âme, il faudrait admettre que cette âme est immortelle. Or l’Eglise n’accepterai jamais cela, donc Descartes préfère dire (pour avoir la paix) que les animaux n’ont pas d’âme du tout, qu’il ne sente rien, qu’ils sont intelligents, qu’ils sont mécaniques… Ce qui désormais va marquer entre l’homme est l’animal une cassure absolue è Nous n’avons rien avoir avec eux. Cela va peser sur le statut de l’animal plutôt dans le bon sens car cela semblait tellement énorme aux yeux de nombreux philosophes qu’ils se sont dits que ça n’avait pas de sens, qu’ils vont s’intéresser d’avantage à l’animal, à son instinct, on va lui donner une certaine intelligence. Les positions de Descartes vont donc, avec un certain temps, peser pour l’animal. Le danger pour l’Eglise était que si les animaux étaient des machines, au vu des nombreuses ressemblances que l’homme a avec lui, que l’homme pourrait être aussi une machine et effectivement, c’est ce qu’on rétorque à Descartes. Plusieurs philosophes en font la démonstration parmi Julien Offray de la Mettrie, qui publie en 1848 « L’homme machine ».
Il faut donc trouver un critère distinctif entre l’homme et l’animal pour ne pas penser que l’homme est lui aussi un être mécanique. Ce critère est le critère du langage. Descartes ne nie pas que les animaux aient un système de communication. Pour Gassendi, cette communication entre animaux est à l’origine du langage humain = proto langage.
Il y a une « machine ». Par exemple, si on fait mal à un chien, il y a un mécanisme qui se déclenche chez lui.
Mais les communications chez les animaux sont limitées. Il y a peut-être un certain nombre de différentes manières d’aboyer mais c’est tout, ces sons n’évoluent pas. Tandis que l’homme, selon Descartes, avec les sons de son langage peut former un nombre infini de mots, reconstruire et nommer. Ce langage est donc infini.
Cette distinction de langage va être acceptée dans le monde philosophe comme un critère qui peut donner la mesure exacte de ce qui fait l’homme. Ainsi, maintenant quand on demande ce qui différencie le singe de l’homme, on répond que c’est le langage.
C’est le cas de Buffon (XVIII e) qui écrit un ouvrage dans lequel il explique que ce qui distingue fondamentalement l’homme des autres espèces est le langage. Il a fait notamment une distinction entre l’homme et le chimpanzé, il avait en effet réussi à tout apprendre à un chimpanzé à part le langage. Il en avait donc conclu que le chimpanzé ne pouvait pas être considéré comme un homme car il était incapable de parler.
Julien Offray de la Mettrie avait pensé qu’on pourrait peut-être apprendre à parler les chimpanzés non pas en parlant mais grâce au langage des sourds muets. A partir de 1950, on a appris ce langage aux singes par lesquels les singes ont pu exprimer un certain nombre de choses.
Il est certain qu’aujourd’hui, la distinction qui semblait si claire entre l’homme et le chimpanzé aux yeux de Buffon est moins sûre aujourd’hui.
Les études génétiques, le décryptage du génome de l’homme et du chimpanzé ont révélé que la distinction entre eux était de 1,2 %. Alors vouloir aujourd’hui trouver un critère objectif est ambitieux. C’est donc à chacun de nous à gérer cette nouvelle proximité entre nous et le singe.
Le doute va permettre de construire une anthropologie cohérente, quoi que paradoxale. Elle va assigner à l’homme une nouvelle destination. Désormais, l’homme n’a plus à faire son bonheur, son salut, il doit chercher et savoir le vrai, la vérité. Sa fonction est donc de comprendre pourquoi il a été créé par Dieu. Le vrai est un concept problématique. Qu’est-ce qui est vrai ? Cela va occuper Descartes pour le reste de sa vie. Pour Descartes, la vérité est quelque chose qui permet à l’homme d’agir sur son destin. L’illusion, le rêve, le faux, ce qui semble tromper ne sert à rien. Voici un choix qui relève d’une série d’actions humaines dans un champ marginale (L’amusement peut donc paraître sans importance). L’homme se trouve donc dans un champ conditionné par une autre notion : la rentabilité du vrai, l’utilité, la fonctionnalité de la connaissance. En ce sens, le cartésianisme compose d’une date dominante dans notre culture, c’est là que se choisit ce que nous sommes ici, le choix du savoir à travers notre environnement (avec ou contre) et nous voyons bien aujourd’hui que peut-être d’autres choix auraient été possibles. L’occident a toujours été très pauvre depuis l’époque romaine, on n’a jamais mangé assez, on a toujours été un continent sous développé et si nous ne le sommes plus, c’est uniquement parce que nous avons pillé les autres continents. Le cartésianisme en est responsable, il est toujours fait du principe que la vie, à n’importe quel prix, était un principe sacré. Mais l’évangile interdit le meurtre, l’infanticide. Mais l’occident était trop peuplé par rapport à l’environnement qui répond à nos besoins. Dans toutes les autres cultures, il y a des moyens qui ont été mis sur pied pour réguler les naissances. L’occident
En 1705, Vauban, ingénieur qui a construit les forteresses de l’armée, fait une enquête sur la pauvreté et se rend compte qu’en France, 1/3 est endetté, 1/3 est mendiant. Ainsi, les pauvres pour survivre commencent à voler les autres, mais cela ne suffisait pas. Il fallait produire de nouvelles sources de richesses, implanter de nouvelles technologies qui permettent à l’homme de mieux gérer l’environnement, de mieux tirer de la nature des sources d’énergie qui permettent d’augmenter la force du travail de l’homme. Et quand on parle de la révolution industrielle (fin XVIII e siècle), on voit bien que la pensée cartésienne est présente et on se demande si cette pensée n’est pas propre à l’homme qui veut transformer la nature.
En 1709, la machine à vapeur est inventée. Cette invention qui semble prématurée, est la réponse d’une recherche de technologie. Il y a là toute une idéologie pour permettre à l’homme de produire plus ou dans un premier temps, de consommer car il n’a pas assez.
Dans cette révolution industrielle, la religion est aussi présente. Il faut comprendre aussi que les mouvements internes du christianisme joue leur rôle. L’Eglise est clair : le travail est une malédiction, l’homme n’a pas été créé pour travailler. Aujourd’hui, nous sommes éduqué dans un esprit où le travail est important pour subvenir à nos besoins. Il aurait fallu trouver un juste équilibre entre ce que nous consommons et ce que nous offre notre environnement. Beaucoup peuvent trouver cet équilibre. Le christianisme fait circuler un autre message : le travail répond à un enseignement éthique qui va nous permettre d’être heureux plus tard, au paradis. Cette certitude de pouvoir être heureux plus tard n’est plus partagée par beaucoup de chrétiens à partir de Luther, càd les protestants. Ceux-ci ne croient plus que tout le monde à la possibilité de faire son salut car ils sont trop logiques, pour eux, Dieu sait, connaît notre destinée. C’est la théorie de la prédestination. L’homme n’a pas les moyens de se sauver. Devant cette conviction, les choix sont soit on fait ce qu’on veut, on n’y prend pas attention, soit on s’interroge sur le fait qu’il y aurait peut-être des signes permettant de savoir qui est sauvé et qui ne l’est pas. C’est ce choix que les protestants font, et l’un des signes qui leur parait évident, c’est la réussite sociale, économique… Le fait de s’enrichir signifie qu’on est peut-être élu. La notion de travail prend une éthique très importante dans le monde protestant. Ce n’est plus une malédiction, c’est quelque chose qui prouve qu’on va être sauvé. Cette éthique du travail, de la richesse, se communique très vite au monde catholique car comment ne pas se laisser tenter par de la richesse qui tout à coup prend de la richesse éthique ? Ce n’est plus seulement être riche, c’est être enfant élu de Dieu. Et cette morale va prendre des airs pervers. Désormais les riches voudront être riches, mais aussi qu’il y ai des pauvres, des damnés. Il ne suffit pas d’être riche, il faut être riche « contre », « au détriment de ». Ainsi, plus on prive les autres de biens, plus on est bien soi-même. Et donc un sadisme de la richesse qui se construit. Pourquoi dans notre éthique d’aujourd’hui, être riche, c’est bien ?
Dans les autres cultures, quelqu’un qui était riche ne pouvait le rester longtemps. Par exemple, un bon chasseur pourrait récolter beaucoup de richesses. Mais à un moment, le poids sera si grand qu’il partagera ses richesses pour que tout le monde bénéficie de la chance de sa chasse. Ainsi, dans bien d’autres sociétés, il y avait des cérémonies, les potlach où les chefs donnaient tout ce qu’ils avaient car ils étaient en mesure de faire acte de générosité qu’ils devenaient chefs. C’était des gens bien qui vivaient pour rendre les autres idées. On trouve ceci dans de nombreuses cultures.
Quand on voit cela, on se dit qu’on a peut-être manqué quelque chose. Descartes voulait le vrai, les protestants voulaient l’éternité, alors au fond, si nous voulons changer de culture, si on continue à vivre comme aujourd’hui, nous n’aurons plus l’énergie pour refaire ce que nous avons déjà fait. Il faut changer, régresser. La vérité, c’est quelque chose de relatif.
Justement, à l’époque où Descartes écrivait, il y a eu un mouvement de scepticisme global qui s’était diffusé à travers de nombreux philosophes, parmi Descartes et Gassendi, qui n’arrêtaient pas de prouver que la vérité est relative. D’Alembert dira « que sais-je de plus ? »
La question de la spécificité de l’homme a été longuement contre versée notamment vers 1650 par rapport à l’animal. Descartes avait cru pouvoir apporter une réponse à l’identité de l’homme.
La réponse à la question de savoir « qu’est-ce que l’homme ? » a été donnée du champ de la science politique et aussi de la science du droit naturel. Sans le savoir, ces politologues vont dire ce qu’est l’homme par rapport à la terre. Thomas Hobbes, grand philosophe anglais, malgré qu’il soit contre Descartes, il suit sa méthode, càd construire une méthode à partir de rien. Il se pose des questions sur le fondement de l’Etat et du pouvoir. Comment un homme a-t-il un droit d’autorité ? Il imagine qu’à l’origine des temps, l’homme était seul. Les épicuristes avaient déjà suivit ce chemin, notamment Lucrèce. Il était un animal solitaire qui se reproduit de manière un peu accidentelle et qui pour le concept de famille est secondaire. En cela, Hobbes s’oppose à une proposition admise, à savoir que l’homme est un animal social (avis d’Aristote). Il s’interroge alors sur les droits que cet homme détient, sur son environnement, sur ce qui l’entoure et donc l’homme a tout les droits. Il peut s’emparer de tout ce qu’il désire. Avant d’interroger le fondement de l’Etat, Hobbes avait déjà écrit un traité dans lequel il disait que l’homme était un animal qui était nu essentiellement par le désir. L’homme s’empare et fait ce qu’il veut de ce qu’il désire. Mais quand des hommes sont seuls, que se passe-t-il ? Ils restent à l’écart l’un de l’autre tant qu’il y a la place et tant que les champs d’actions du désir de chacun sera à la disposition de chacun. Mais quand les hommes se multiplient, les objets du désir vont être objets de rivalité car quand deux veulent le même objet, ils doivent s’en accaparer, et donc il y a une bagarre, un état de guerre. L’état politique de l’homme à l’origine était la guerre selon Hobbes. Une telle situation aurait mis l’humanité en péril puisque tout le monde se serait entretué. Et puis quelqu’un propose de se priver de ses droits fondamentaux pour les transférer à une instance qui va exercer cette liberté au profit de tous. Cette instance sera le prince, un ensemble de personnes représentatives de la collectivité, les délégués… En l’occurrence, Hobbes privilégie l’état monarchique de nature despotique pour que la personne à qui on va transférer sa liberté ai suffisamment de puissance pour imposer la paix, elle doit faire peur, il faut qu’on sache que si on transgresse cette instance, il sera châtié. C’est à ce prix que l’espèce humaine est possible. C’est l’idée de l’Etat sur le contrat. « Je suis libre autant que je ne gène pas celle des autres ». C’est déjà l’idée de Rousseau, pensant que l’homme est bon, a passé ce contrat de manière volontaire à satisfaire le plus grand nombre de gens qui voulaient vivre en société. Chez lui, le contrat a pour socle l’interêt commun. Ce n’est pas pareil chez Hobbes, pour ce dernier, c’est l’existence commune qui compte. Hobbes venait de donner une nouvelle définition de l’homme sans le savoir : l’homme est un animal politique (Aristote) mais qui n’était pas naturellement politique, il l’avait choisi. Ils acceptaient des règles communes (différent chez l’animal). Ce n’est pas naturel et par ailleurs, l’accepter de manière universelle.
Aujourd’hui, nous savons que les animaux observent certaines règles mais nous ne savons pas comment un groupe de singe peut accepter un code.
L’anthropologie reste sur cette idée de Hobbes, càd que l’homme s’est donné des règles universelles et que si jamais il refusait ces règles, il redeviendrait animal.
Comment Dieu aurait-il pu programmé l’humanité de manière à ce qu’elle soit conduite comme le dit Hobbes ?Samuel Pufendorf s’interroge sur le scénario de Hobbes et se demande pourquoi les hommes se seraient-ils entretués alors que les loups par exemple ne s’entretuaient pas comme beaucoup d’autres espèces animales. Alors, pourquoi en serait-il autrement pour l’homme ? Il trouve la réponse dans ses convictions religieuses : l’homme est plus parfait et perfectionné que l’animal mais en même temps, cette perfection s’est retournée contre l’homme le jour du pêché originel. La force de l’homme (son intelligence, puissance) a servi la méchanceté de l’homme, la nocivité à la place de sa bonté. Il a donc fallu des règles, de lois et un Etat, la police, l’armée pour faire respecter ces règles. Le scénario de Hobbes et Pufendorf qui aujourd’hui peuvent semble imaginaires a été rejeté dans un premier temps car il reposait sur l’idée que l’homme était un être mauvais (à la suite du pêché). Logiquement, il semble absurde de dire qu’en soi, l’homme est bon ou mauvais. Ces qualités sont relatives. Ce qui fait que la faiblesse est du raisonnement de Hobbes et de Rousseau plus tard, on va chercher au fond d’une règle psychologique une explication d’un fait qui n’a rien avoir avec la psychologie. C’est dans la politique qu’il aurait fallu chercher l’origine de l’Etat.
La réaction de Leibniz va être de balayer le scénario de Hobbes en disant que si, comme Hobbes semble l’affirmer, l’homme est un être raisonnable, il a du dès le début comprendre que si deux humains pareils ont des droits, il faut s’arranger pour ne pas faire la guerre. La règle fait partie de la nature de l’homme car l’homme est de nature divine. Dieu n’aurait pu créer un être si mauvais.
Spinoza va aussi réagir. Selon lui, l’homme, au fond, est toujours en état de guerre, que nous sommes toujours dans l’état de nature parce que ce n’est pas la raison qui commande nos actes, c’est la passion, le désir. Nous voulons sans arrêt s’accaparer des choses au détriment des autres. Nous avons peur, ce qui n’est pas raisonnable. Nous devons suivre la loi, car nous la comprenons, nous l’acceptons et qu’elle est juste. Pour lui, l’homme n’est donc pas encore un être rationnel qu’il devrait être. Il va penser que les seuls états acceptables sont les états de puissance qui peuvent réprimer les passions des hommes et des masses humaines. L’homme accompli pour lui est l’homme totalement rationnel, libre, libéré du désir.
Swift qui dans sa satire enfantine où il décrit notamment les loups-garous brutaux, envieux, se livrant à des actions hideuses comme humains. Ainsi, pour lui, l’homme reste comme mauvais. Parfois, certaines des choses que nous apprenons nous inciteraient pour opter pour Swift.
Enfin, Pierre Bayle, philosophe sceptique, va opposer à Hobbes ce qu’il croit être le spectacle de la vie primitive, càd le spectacle de la vie de certains peuples sauvages. Il y a donc une conclusion entre l’homme primitif et l’homme sauvage. (Homme primitif = ce que nous avons été.) Hobbes rapporte que certaines sociétés vivent sans Etat, sans pouvoir où on donne le pouvoir au plus généreux. Il en conclut que certains peuples n’ont ni règles ni lois, qui sont libres et qui survivent.
Il faudra attendre une cinquantaine d’années, pour que Vico cherche à dépasser ce raisonnement.
On peut donc dire qu’autour des années 1700, on ne savait pas très bien ce qu’était l’homme. On attendra donc Vico et peut-être Rousseau pour que ces grands enjeux soient repris. Ce qui fait l’homme est ce qu’il décide qui soit. L’homme a la possibilité d’être ce qu’il veut être. Ce qui est différent des animaux.