Anthropologie 4
Vers 1550, des voyageurs qui visitèrent l’Afrique et plus précisément le Gabon, recensèrent deux espèces de grands singes : le gorille et le chimpanzé. Ils les considérèrent comme très semblables à l’Homme par leur aspect, leurs comportements, voire même par des traits de culture fondamentale[1].
Selon une légende africaine, les singes aimeraient beaucoup les femmes humaines qu’ils enlèveraient et violeraient. La relation serait féconde !
L’idée d’une fécondité des relations Homme-Animal n’est pas impossible à l’âge classique : il est intéressant de développer cet aspect des choses et de voir que l’Homme classique se sentait proche de l’animal.
Cette proximité se voit surtout dans la conception des monstres. A l’époque, lorsqu’on voulait expliquer l’existence des monstres, on disait qu’ils étaient créés par Dieu pour prévenir l’homme d’une catastrophe, ou bien que c’est la faute des mères qui, en imaginant qu’elles conçoivent des monstres, en engendrent[2].
Une autre explication serait que la mère aurait eu des relations avec l’animal en question[3].
On croyait donc que les hommes et les animaux étaient suffisamment proche pour que ça soit fécond et qu’il fallait préserver la race humaine. On croyait aussi en la bestialité et au mépris à l’égard de la femme[4].
En 1610, un médecin, Bontius, travaillant à Java observe l’Orang-outan et est frappé par la ressemblance avec l’Homme. Il écrit un texte très célèbre où il affirme que ce sont des hybrides de femmes et de singes. Il est notamment bon de signaler que l’orang-outan, le gorille et le chimpanzé seront confondus en tant qu’homme sauvage, homme de la nuit. Owen, un savant anglais, publie un texte au XVIIème siècle qui montrera qu’anatomiquement et physiologiquement, le gorille est suffisamment différent pour faire une espèce différente.
On réaffirmera une liaison dans le temps, avec Darwin.
On voit qu’à aucun moment de son histoire, l’Homme n’a pu être pensé sans référence au singe[5].
Au XVIème siècle, l’humaniste Montaigne affirmait dans ses essais que l’Homme aurait tout intérêt à observer l’animal et à s’en inspirer pour fonder une éthique plus naturelle. L’animal est un modèle dans la mesure où il ne suit qu’un instinct qui n’est pas corrompu.
On peut distinguer deux grands types de réponses face à cette proximité Homme-animal.
o Descartes
Sa position s’inscrit indirectement : sa philosophie s’inscrit dans un autre questionnement, celui de la nature de la science, du sens du savoir[6]… Descartes s’interroge sur la valeur de la vérité : qu’est-ce qui est vrai ? Si on veut s’en référer à l’enseignements (Aristote, Platon, anatomistes), on a des théories satisfaisantes… mais elles se contredisent toutes. La matière est-elle faite de quatre substances fondamentales ou de monades (Bruno) ? Descartes pense qu’une attitude prudente est de tout récuser : L’expérience du doute méthodique[7] ! Que sais-je ?
C’est avec ce raisonnement qu’arrivera une méthode déductive (différente de celle de Bacon) qui amènera un nouveau savoir aux proportions encyclopédiques. Il fera une méthode, une ontologie (science de l’être), une cosmologie, une anthropologie, une physique, une médecine. Il va littéralement introduire une nouvelle forme de savoir et un nouveau contenu. C’est une révolution !
Le fait de douter implique, selon lui, la conscience d’une vérité permanente : Dieu. Mon doute implique l’existence de Dieu (pensée naïve) Si j’ai l’idée de Dieu et que nous savons que Dieu est parfait, nous devons admettre que les qualités qu’implique cette perfection lui donne celle de l’existence. La conscience de la vérité est inspirée par Dieu qui lui a donné cette conscience.
Voici son raisonnement : contrairement à ce qu’on dit, il a pleinement conscience que la réalité qu’il perçoit peut être radicalement fausse. Il évoque notamment l’expérience du rêve[8]. L’éveil est plus réel que la rêve car, selon Descartes, il est impensable que Dieu, être parfait, nous ait créés pour nous faire vivre dans le faux. Il ne peut pas vouloir nous tromper.
Ce qu’on découvre de vrai en suivant une méthode, c’est la vérité.
Et donc, le but de l’Homme est de découvrir cette réalité créée par Dieu. à L’Europe veut savoir le vrai, pour mieux le dominer.
L’ontologie est un corollaire direct de sa science de l’Etre. La méthode de Descartes l’amène à refuser les théories précédentes (théorie des signatures…) : par exemple, un morceau de cire à des alvéoles géométriques, de couleur jaunâtre, avec une odeur. Lorsqu’on met la cire en boule, on détruit les alvéoles, si on la brûle, il n’y a plus de couleur ni d’odeur. Donc ce ne sont pas des caractéristiques essentielles. Le seul attribut de toutes les choses, c’est d’être inscrit dans l’espace. L’espace, c’est la matière. Mais il y a une deuxième substance qui compose l’être, celle qui pense l’espace : l’Esprit.
La matière est finie et mortelle, contrairement à l’esprit.
Dans cette définition de l’espace, il y a un projet : si la matière est indéfiniment restructurable et déstructurable, elle offre un nouveau champ de valeur, celui du travail et de l’industrie. On voit comment le cartésianisme a favorisé la vision occidentale selon laquelle tout doit être retransformé.
L’Homme est ici le seul à avoir un corps et une âme … Pas nouveau : l’Eglise disait cela depuis 1500 ans. Mais cette nature de l’âme est différente. Dans l’anthropologie de Descartes, reprise par son disciple Malebranche, on se demande si Dieu n’aurait pas pu faire que l’Homme soit sans corps ou avec un autre. Oui, l’homme aurait pu être sans corps, car c’est ce corps qui nous amène à l’erreur. L’idéal pour un philosophe serait d’être aveugle, sourd et insensible à tout pour qu’une pensée pure se développe sur elle-même. Il n’y a pas d’union possible entre l’âme et le corps (contrairement à la vision chrétienne).
Comment être sûr qu’il y a un corps et de la matière ? Parce que Dieu ne peut pas vouloir nous tromper. Mais pourquoi ? Il n’y a pas de réponse venant de Descartes, mais de deux autres :
Malebranche : Notre perception se fait grâce à Dieu. Quand un œil se pose sur un champ de lumière, et qu’il perçoit cette lumière, Dieu produit dans l’esprit de l’Homme un déclic qui fait que l’esprit perçoit non pas ce qu’il voit mais ce qui est dans la pensée de Dieu.
Leibniz : Lui a une autre idée : l’harmonie préétablie. Quand je prends un objet, ça supposerait une connexion entre l’esprit qui voit l’objet et le muscle… Mais cette connexion est impossible entre la non-étendue et le corps. Quand Dieu a pensé à l’Homme, il a prévu les actions… Il y a eu une programmation. Dieu a tout préétabli. (Il est évident de cette spéculation va déconsidérer le cartésianisme car le bon sens, par expérience, nous montre tous les jours les relations entre le cerveau, la pensée et le corps)
Conséquences sur le plan anthropologique : Le corps étant purement matériel ne peut s’expliquer que comme une machine. Il mettra au point une médecine mécanique. Le corps est mu par de petits ressors, animés par des esprits animaux (étincelles correspondant aux nerfs). Cette conception s’appliquera aussi à l’animal. En réfléchissant à l’animal, il pose les bases de l’anthropologie[9]. S’il fallait accepter que les animaux aient des âmes, il fallait admettre qu’elles sont immortelles, ce qui est inadmissible pour l’Eglise. Descartes préfère donc dire que les animaux n’en ont pas et qu’ils sont purement mécaniques.
Ca marque une cassure entre l’Homme et l’Animal : on n’a rien à apprendre d’eux, et un chien est aussi indifférent qu’un seau. Partant de ce constat, il est difficile de se dire que l’Homme n’a pas d’âme non plus. Plusieurs philosophes en feront la démonstration[10]. Mais si l’homme est une machine, ça rend les questions vides de sens.
C’est pourquoi il a fallu trouver un critère distinctif entre l’Homme et l’Animal : Descartes va le trouver dans le langage. Il ne nie pas que les animaux ont un système de communication[11]. Pour Descartes, ces cris n’ont rien à voir : comment des machines peuvent-elles communiquer ? Les cris des animaux sont limités, et n’évoluent pas. Alors que l’Homme, avec 36 phonèmes, parvient à fabriquer des milliards de propositions. Ce critère va être accepté par de nombreux philosophes.
Donc à la question de départ : Qu’est-ce qui différencie l’Homme du singe ? On peut répondre le langage[12].
Mais déjà à l’époque, Julien Offray avait pensé qu’on pourrait apprendre au chimpanzé à parler, non pas vocalement (il était médecin et soupçonnait qu’ils n’avaient pas les organes adéquats) mais au moyen du langage des sourds-muets. L’expérience permit de leur apprendre 250 gestes. Plus tard, on leur apprit à utiliser des claviers de signe. Et à accoler des concepts pour former des propositions rudimentaires. C’est la communication J. Il est certain qu’aujourd’hui, la distinction de Buffon (note 51) qui était si clair à l’époque est loin de l’être aujourd’hui. Tellement loin que le monde anglo-saxon plaide pour qu’on considère les singes comme espèce humaine[13].
Le nouveau sens de l’Homme est de découvrir le réel, et par extension de le contrôler. C’est la rentabilisation du savoir. Le Cartésianisme est hyper important dans notre culture. C’est un choix que nous avons fait : rentabiliser le vrai à travers notre environnement, et aujourd’hui, contre notre environnement.
Mais pourquoi le cartésianisme a-t-il eu un tel succès dans ses conceptions idéologiques ? L’Occident a toujours été très pauvre, depuis l’époque romaine. On a toujours été sous-développé. A présent, on mange les autres continents. Pourquoi cette pauvreté ? Le christianisme a toujours fait du principe de la vie un principe sacré : interdiction du meurtre, mais aussi de l’infanticide, de la régulation des naissances. Aucune autre culture n’a accepté cela[14] ! L’Occident a toujours été en surpopulation relative et les régulations naturelles (épidémies de lèpres, de peste…) n’ont pas été suffisantes. Depuis la fin du Moyen-Age, la moitié de la population vit dans la misère[15]. Les solutions ? le vol, etc. Mais c’était insuffisant, il fallait produire plus, avec de nouvelles sources de richesse, et donc inventer de nouvelles technologies qui permettent à l’Homme de mieux rentabiliser son environnement. C’est pourquoi, au fond, la révolution industrielle et le prolongement de la pensée cartésienne.
Il y a là une idéologie qui veut permettre à l’Homme de produire plus pour consommer, et ensuite pour consommer trop. Et la Bible est d’accord avec cela : le travail est une malédiction, l’Homme n’est pas fait pour travailler[16]. Mais le christianisme donne aussi un autre message : il faut travailler parce qu’on est maudit, et pour gagner notre salut. Les protestants, eux, pensent qu’on n’a pas la possibilité de faire notre salut, parce que Dieu connaît notre destinée, et il sait ceux qui iront au paradis, ou en enfer. Déterminisme : quoiqu’on fasse, ça ne changera rien. Mais alors, y a-t-il des signes pour savoir le sort qui nous est réservé ? Ca serait la réussite sociale et la réussite économique (entre autre). Si bien que la notion de travail va prendre une connotation éthique de grande importance dans le monde protestant : travailler, commercer, entreprendre devient une éthique en soi. Ce n’est pas une malédiction. Cette éthique va se répandre auprès du monde catholique.
Etre riche, c’est bien… Mais il y a des revers : les riches veulent qu’il y ait des pauvres, des damnés. Etre riche au détriment des autres. La morale perverse se constitue : plus on prive les autres de bien, plus on est bien soi-même.
(Pourquoi cette richesse est-elle bonne dans notre société ? Dans d’autres cultures, être riche, c’est éphémère : les riches partagent avec les pauvres, car le poids de la société est tel qu’on se sent obligé de partager[17]. Chez nous, on trouve normal qu’un type qui tape dans un ballon gagne des millions, alors que le reste travaille dur et gagne seulement 1500€. Ca s’explique parce que les protestants voulaient l’éternité et Descartes la vérité. Mais aujourd’hui, c’est la régression.)
Descartes écrit alors qu’il y a un mouvement de scepticisme global diffusé à travers de très nombreux philosophes, comme Gassendi, qui n’arrêtait pas de démontrer que la vérité était extrêmement relative. Mais alors, pourquoi est-ce Descartes qu’on a choisi ? Parce qu’il y a tout ce sous-bassement religieux, économique, qui fait qu’on avait BESOIN à ce moment de son discours.
o Hobbes
Cette spécificité de l’Homme face à l’animal (l’Homme est un esprit qui parle grâce à un corps cohabitant avec lui) a laissé sceptique des philosophes : comment admettre une théorie de l’Homme qui met entre parenthèse la matérialité de l’Homme ? Ou, s’il est vrai que le corps de l’Homme n’est qu’un être mécanique, on peut se demander s’il n’est pas également une machine, ce qui n’est pas impensable, mais massivement refusé à l’époque.
La réponse provient de la science politique et de la science du droit naturel. Les politologues vont définir l’Homme par rapport à la terre. Hobbes (ami mais adversaire de Descartes) pratique aussi à une reconstruction à partir de rien, de données élémentaires. Il se pose la question de l’origine de l’Etat et du fondement du pouvoir. D’où vient l’autorité ?
Pour essayer de répondre à cette question, il remonte à l’origine de l’humanité. Il imagine un homme seul[18] (Hobbes s’oppose ainsi à la pensée d’Aristote, définissant l’Homme comme un zoon politikon (animal social), pensant qu’il est incapable de subsister seul) Cet homme seul a tous les droits sur la terre et fait ce dont il a envie (Hobbes écrit un traité sur la nature de l’Homme, qui serait un animal raisonnable mû par le désir, focus de l’anthropologie de Hobbes). Lorsque deux hommes seuls se croisent, que se passe-t-il ? La terre étant vaste, ils s’éloignent. Mais le jour où il n’y aura plus assez de place, les objets de désir vont être objets de rivalité. Ce qui les amènera à se battre continuellement (L’Homme est un loup pour l’Homme). Ca aurait pu causer la fin de l’humanité, mais quelqu’un eut l’idée d’arrêter tout ça, se priva de ses droits à condition que l’autre fasse de même. Chacun décide donc de se priver des droits fondamentaux qu’il a sur tout pour les transférer à une « instance » qui va exercer cette liberté au profit de tous. Cette instance sera le prince, le gouvernement délégué[19], etc… (Pour Hobbes, l’Etat doit faire peur, il est préférable que ça soit une monarchie despotique… C’est le prix à payer pour que la subsistance de l’espèce soit possible)
C’est l’idée de contrat qui germe ici ! Pacte au terme duquel les hommes renoncent à la liberté qui empêcherait celle de ‘lautre de s’exercer.
L’Homme est un animal politique, comme l’avait dit Aristote, mais ne l’est pas naturellement. C’est ce qui constitue le trait spécifique de l’Homme, c’est accepté une règle qui est, au fond, arbitraire (et donc pas naturelle), et de l’accepter de manière universelle (tous les peuples ont très certainement suivi le même raisonnement que Hobbes).
Aujourd’hui, il est évident que les animaux ont aussi des règles sociales, mais elles semblent naturelles (cela dit, on ne sait pas trop… Ca peut être également un contrat). Mais on reste dans l’idée que l’Homme, s’il renonçait à ces règles, deviendrait animal avant de se dissoudre définitivement.
Cette réponse est scandaleuse dans une perspective religieuse : comment Dieu aurait-il pu programmer l’humanité de manière à ce qu’elle se conduise à ce drame de guerre permanente ? Samuel Pufendorf, un des créateurs du droit naturel au XVIIIème siècle pense, dans son traité, que les hommes du scénario de Hobbes s’entretuèrent parce qu’à l’origine, ils sont plus parfait que les animaux mais que cette perfection s’est retournée contre eux le jour où ils ont commis le péché originel. A ce moment-là, la force de l’Homme sert à la méchanceté. Les animaux sont « faiblement » méchants, ils ne s’entretuent pas. Quant à l’homme, il est fondamentalement mauvais à cause du péché originel. C’est de là que vient la nécessité de faire des règles.
Ce scénario de Hobbes et de Pufendorf a été massivement rejeté parce qu’il reposait sur l’idée d’un Homme foncièrement mauvais (naturellement ou à la suite du péché). La faiblesse du raisonnement (également celui de Rousseau) c’est qu’on cherche l’origine de l’état non pas par rapport à la politique, mais par rapport à la nature psychologique de l’homme.
Il y a plusieurs groupes de réaction qui vont se dessiner par rapport à cette définition :
§ Leibniz
Un des plus grands penseurs de tous les temps. Il va balayer le scénario de Hobbes en disant très simplement que si l’Homme est un être raisonnable, dès le début il a dû observer des règles pour le partage des choses sur lesquelles il se sentait des droits : « en tant qu’Homme, j’ai des droits sur ceci. Tu es aussi Homme, donc tu as aussi des droits » C’est dans la nature de l’Homme, parce qu’on est justement une créature divine et Dieu n’a pas pu créer un être mauvais. (C’est une réponse redoutable, et il aura fallu attendre Vico, cinquante ans plus tard, pour surpasser cette argument).
§ Spinoza
Autre grand penseur, il pense que l’Homme n’a jamais été sous contrat et qu’il est toujours en état de guerre. Nous sommes toujours dans l’état de nature car ce n’est pas la raison qui commende nos acte, ni même notre action sociale, c’est la passion, le désir, la libido. Et on observe la loi que par peur de représailles (la peur n’est pas raisonnable). La loi devrait être acceptée parce qu’elle est juste et rationnelle. L’Homme n’est donc pas un être rationnel.
Paradoxalement, Spinoza va, tout comme Hobbes, penser que les seuls états acceptables sont les états puissants capables de réprimer les passions de l’Homme et surotut des masses humaines.
Pas de culture et presque « pas encore d’Homme achevé », selon Spinoza[20].
§ Bayle
Philosophe sceptique, ouvre la pensée des philosophes des lumières. Il croit que les peuples primitifs peuvent être observés avec les peuples sauvages (décrits par les voyageurs). Il y a une confusion régulière entre l’homme primitif et l’homme sauvage. Les voyageurs rapportent qu’il y a des sociétés sans état, le pouvoir n’existerait donc pas partout ! (note 56 : le pouvoir est donné à la personne). Bayle en conclut qu’il y a des peuples qui n’ont pas de loi, et donc qui sont libre.
Donc, cette idée de Contrat Social n’est pas vraie. On peut dire qu’autour des années 1700, on ne sait plus très bien ce qu’était l’Homme… Il faudra attendre Vico et Rousseau pour que ces grands enjeu soient repris.
Ce qui fait l’Homme… C’est qu’il a la possibilité d’être ce qu’il veut être. C’est ce qu’admet toujours l’anthropologie contemporaine. Cette Doxa de l’anthropologie a été renouvelée par Lévi Strauss, grand maître du XXème siècle.
[1] Les chimpanzés font des nids, ils cuisineraient et feraient du feu (une légende africaine voudrait que le feu vient des singes. Et il est vrai qu’à l’époque, , l’Homme était un singe)
[2] Malebranche, disciple de Descartes, explique qu’une mère qui veut absolument des fraises donnera à son enfant des taches de fraises, voire même donner naissance à une fraise.
[3] C’était des accusations régulièrement portées : pour la seule ville de Paris, entre 1600 et 1650, il y eut 200 procès. Sous la torture, les femmes avouaient évidemment n’importe quoi.
[4] Un savant de l’époque écrit sur la bestialité : « on connaît des cas de relations sexuelles avec tous les animaux imaginables sauf avec l’éléphant, parce qu’il est beaucoup trop pudique »
[5] Malgré ce qu’en pense notre bon prof de philo Seba.
[6] Il en a déjà été question : les fondements du savoir avaient été remis en question : Aristote, base depuis Saint Thomas d’Aquin, a été critiqué par Gassendi, puis par Cyrano de Bergerac. Plus tard, Francis Bacon plaida sur un nouveau savoir basé sur les analogies, les symboles, un savoir expérimental. Tout cela constitue les signes d’un besoin d’une nouvelle episteme
[7] Douter est une façon de penser. Douter est une négation, la négation est une pensée, donc, on connaît la pensée : Je doute donc je suis. Cogito ergo sum. (Ses adversaires, notamment Gassendi, dira qu’il utilise un syllogisme qui n’en est pas un. Mais Descartes réplique que ce n’est pas un « ergo » de conséquence, mais qu’en doutant, il a compris…)
[8] Berkeley dira qu’il n’y a pas moyen de prouver que la réalité existe. Ce qu’est un scandale ! Seul Kant aurait ne réponse satisfaisante : le réel, c’est ce qu’on voit, car il se conforte à notre structure cognitive. Mais la réalité, c’est Dieu qui la connaît, et nous, Hommes, ne connaissons que les apparences qui ne sont pas nécessairement trompeuses.
Rappelons que l’Occident est en train d’opérer un choix majeur sur le réel ! Le fait que nos rêves nous semblent moins réels que l’éveil est un choix culturel ! Par exemple, les aborigènes d’Australie pense qu’autrefois l’Home vivant dans un monde de rêve (fantastique, sans mort, magnifique…) Mais voilà que la femme commet le premier inceste. L’Homme est donc condamné à vivre dans le cauchemar. C’est dans le rêve qu’on retrouve la réalité.
Si la réalité est tangible et permanente, il y a une assise qu’on pense réelle. On ne peut rien faire sur un rêve, on ne peut que le vivre.
[9] L’animal avait deux âmes, voir page 12
[10] Julien Offray écrira « L’homme machine »
[11] Gassendi considère les cris animaliers comme l’origine du langage humain.
[12] Ca a été le cas de Buffon, grand naturaliste du XVIIIème siècle qui écrit, dans « Histoire naturelle », en 1748, que l’essence de l’Homme est dans le langage. Il était également directeur des jardins du Roi à Versailles, où vivaient des animaux exotiques. Il y fit des expériences sur les chimpanzés et leur apprit à se vêtir, à se moucher, etc. Mais pas à parler. Il conclut, comme Descartes, que le singe ne peut pas être considéré comme un homme car il est incapable de parler.
[13] Même génétiquement, force est de constater qu’ils sont particulièrement proche de nous. La différence n’étant que de 1,2%. Voilà un critère objectif !
[14] Dans les autres cultures, il existe des moyens pour réguler les naissances et faire en sorte que les matières premières de l’environnement corresponde avec la population.
[15] Vauban, en 1705, constate qu’un tiers de la population est mendiant, et un autre tiers endetté…
[16] Ca paraît étrange aujourd’hui, car nous sommes éduqués dans l’idée de travailler. Il faut un équilibre entre production et consommation. Les peuples sauvages ont trouvé cette équilibre et vivent heureux.
[17] Chez les papous et les indiens d’Amérique du Nord, il y a des cérémonies où les chefs donnaient ce qu’ils avaient. Il est généreux, et c’est grâce à ça qu’il est chef. Ils vivent pour rendre les autres heureux.
[18] Tout comme les Epicuristes, et notamment Lucrèce, dans « De natura rerum », imagine qu’à l’origine, l’Homme est un animal solitaire qui se reproduit de manière accidentelle, et pour qui le concept de famille est secondaire.
[19] Il existe trois régimes possibles : l’aristocratie, la monarchie, la démocratie.
[20] Un autre auteur va dans son sens, Swift, Les voyages de Gulliver, où il fait une satire virulente sur l’Homme. On y voit des animaux brutaux, hideux, etc, qui sont des métaphores de l’Homme « civilisé »